Escalader la pyramide de Khéops de nuit… Une histoire de persévérance, marquée par quatre tentatives, dont la première remonte à 2022. Je me suis souvent demandé si c’était de la ténacité ou de l’obstination. Devais-je abandonner ce projet pour éviter d’en payer le prix fort ?
Tout a commencé il y a trois ans avec @holosann. Ensemble, nous avons tenté à deux reprises d’infiltrer la zone de nuit. À chaque fois, nous avions à peine entamé l’ascension, atteignant une trentaine de mètres, avant que les chiens nous encerclent et que leurs aboiements stridents nous forcent à rebrousser chemin. En 2024, nous avons réessayé, cette fois avec @i.hate.nico, @pattern_tls et @holosann, puis j’ai fait une troisième tentative seul en avril 2024. La sécurité s’était alors renforcée : des chiens, des gardes et une cabane de surveillance au pied de la pyramide. Là encore, nous avons dû faire demi-tour : les chances d’atteindre le sommet sans finir en prison étaient minces.
Nico envisageait de faire une ultime tentative seul. Mais deux jours avant son départ, il m’a proposé de l’accompagner. Impossible de refuser cette dernière chance. De tous mes projets, rares sont ceux qui m’ont autant tenu à cœur. Ce lieu, son symbolisme… Cette mission était bien plus qu’un simple défi ; elle était terrifiante. L’idée de finir dans une prison égyptienne ne me réjouissait pas, mais je me devais de tenter une dernière fois.
Cette fois, l’itinéraire était clair dans mon esprit. Il fallait avancer, tête baissée, et espérer passer entre les mailles du filet. À la tombée de la nuit, nous sommes partis à pied de l’hôtel. En chemin, un homme nous a accostés pour nous présenter sa boutique. Nico s’est laissé emporter, et nous voilà, à 23 h, avec cet homme insistant mais sympathique, qui nous offre à chacun une pierre gravée d’un scarabée, symbole de l’Égypte antique censé nous porter chance. Ce souvenir, glissé dans ma poche, m’a donné un sentiment de protection tout au long de la nuit. Le premier obstacle était un mur de cinq mètres de haut, surveillé par des caméras, que nous avons franchi sans problème. Grâce aux tentatives précédentes, je connaissais chaque recoin de cette zone interdite.​​​​​​​
Enfin, nous arrivons au pied de Khéops. C’est là que les chiens commencent à aboyer, brisant le silence de la nécropole et alertant potentiellement les gardes. Mais cette fois, nous étions décidés : rien ne pourrait nous arrêter. Nous avons ignoré les chiens et enjambé la barrière. Les premiers blocs, hauts de 1,5 mètre, exigeaient rapidité et précision pour progresser discrètement. Une cabane de garde se trouvait à seulement 30 mètres. Heureusement, le gardien semblait assoupi. Après deux minutes d’ascension, nous avions atteint environ 40 mètres de hauteur lorsqu’un pick-up de militaires s’est arrêté, probablement alerté par les aboiements. Immobiles, nous avons attendu, silencieux, pendant une demi-heure avant qu’ils ne repartent. Après une heure d’effort intense, nous étions au sommet. Une vue à couper le souffle, à 360° sur Le Caire et sur la pyramide de Khéphren. Un rêve qui semblait inaccessible venait de se réaliser. Certaines faces de la pyramide étaient illuminées, créant une atmosphère digne d’un film de science-fiction.​​​​​​​
Nous avons pris le temps de capturer ces instants inoubliables. Mais soudain, un projecteur a illuminé notre position. Immédiatement, j’ai replié mon trépied et me suis aplati au sol. Fausse alerte, mais par précaution, il fallait redescendre rapidement, avant l’aube, pour éviter d’être repérés en descendant. Le pick-up militaire était toujours en bas, et notre descente devait être discrète. Nous avons attendu qu’il s’éloigne vers la pyramide de Khéphren, sa petite sœur, pour descendre le plus vite possible. La moindre glissade aurait pu être fatale, mais l’adrénaline nous portait. L’orchestre canin s’est remis à aboyer, mais il fallait terminer la descente et retrouver la sécurité de la nuit dans les ruines environnantes.​​​​​​​ Cette amulette, qui sait, nous a peut-être porté chance. Après quatre échecs, ce projet semblait perdu d’avance. Mais parfois, avec persévérance et résilience, même les rêves les plus fous deviennent possibles.