Récit de notre incroyable aventure au Groenland. Ensemble, avec Nicolas, Marie, et les deux Balthazar, nous avons parcouru 170 km de l'Est vers l'Ouest du Groenland. Ce trek, réalisé en juin, nous a offert une expérience unique entre l’hiver et l’été, nous permettant de découvrir la beauté des paysages en pleine transition saisonnière.
Notre itinéraire, bien que tracé, était parfois difficile à suivre. Les sentiers devenaient souvent indistincts, nous obligeant à naviguer dans des conditions imprévisibles. Nous avons dormi dans des refuges, ou plutôt des cabanes, certaines équipées de lits rudimentaires, d'autres ressemblant davantage à de vieilles roulottes abandonnées en pleine nature. Nous étions dans l’un des endroits les plus isolés de la planète, entourés uniquement de montagnes, marécages et lacs à perte de vue.
départ de Kangerlussuaq, jour 1
Nos esprits étaient complètement déboussolés par le soleil de minuit, qui ne se couchait jamais. Il était minuit et le soleil illuminait le ciel comme s'il était 18h en France. Trouver le sommeil était souvent difficile, mais la fatigue finissait toujours par nous rattraper après des journées épuisantes.​​​​​​​
Les traversées étaient parfois ardues, nos sacs chargés de vivres et de matériel pesaient lourd, le mien dépassait les 20 kilos sur le début de l'aventure. Les marécages étaient particulièrement éprouvants pour moi, mes chaussures prétendument imperméables finissant par laisser l'eau s'infiltrer, laissant mes pieds constamment mouillés.
Notre plus grande crainte restait l'ours polaire. Une semaine avant notre passage, un ours avait été aperçu sur la deuxième étape de notre parcours. Nous avons rencontré une femme, accompagnée de ses deux fils, qui avait dû être évacuée par hélicoptère après une rencontre terrifiante avec un ours. Heureusement, nous étions armés en cas de nécessité, même si la probabilité d'une rencontre restait faible.
Les marécages étaient également envahis de moustiques, des centaines de ces petites créatures perçaient nos vêtements pour nous piquer. Lors d’un passage particulièrement humide, j'ai décidé de continuer pieds nus, ce qui s'est avéré être une bonne surprise.
Nous avons croisé un groupe de deux Tchèques, Tomas et Nikola. Bien que nous marchions séparément, nous nous retrouvions chaque soir dans les refuges. 
La météo au Groenland était surprenante, mêlant des paysages enneigés à des couleurs automnales sur les rares zones de verdure. Balthazar comptait inlassablement ses rations de nourriture, craignant de manquer avant la fin du voyage. Le dernier jour s'annonçait le plus difficile, avec beaucoup de dénivelé, de kilomètres à parcourir et possiblement de la neige, espérant que les dernières neiges de l'hiver aient fondu.
Entre soleil et vent, l'eau des lacs était glaciale. Nous avons bravé le froid avec Marie et Balthazar pour nous rafraîchir après trois jours de marche continue. Cette aventure était aussi l'occasion de mieux nous connaître les uns les autres. Bien que j'aie beaucoup voyagé avec Nicolas, c'était une nouvelle expérience de découvrir les autres membres du groupe plus profondément.
Notre alimentation était principalement composée de plats lyophilisés, qui s'avéraient étonnamment appétissants dans ces conditions. Chaque repas était une découverte, nous notant les meilleurs pour nos futures expéditions. Nous lavions notre linge dans les lacs et rivières, espérant qu'il sèche pour le lendemain.
A ces moments de solitude, à marcher par instinct, propices à la réflexion, nous offrant le temps de méditer sur nos vies, nos amitiés, nos objectifs personnels et bien d'autres.
Cette aventure nous a offert des moments hors du temps, loin des préoccupations quotidiennes, des notifications incessantes et des actualités anxiogènes. C'était un calme revigorant, une solitude et une plénitude que j'ai presque oubliées dans ma vie de tous les jours. Cette expérience m'a permis de me reconnecter à l'essence même de l'aventure, celle qui donne un véritable sens à la vie.
arrivée à Sisimiut, jour 9